Pour comprendre l'économie de Sennevières, il faut replacer son histoire (et oui encore un peu d'histoire) dans le contexte de la Touraine (voir un peu de la France) et surtout celui du Lochois.
Comme nous l'avons vu dans le chapitre histoire, la population de Sennevières, et ce depuis la Préhistoire, est avant tout chasseur, cueilleur mais posséde, toutefois, les bases de la petite agriculture.
Le manque de sources est encore un problème et le plus gros des informations qui nous sont parvenues, proviennent souvent des archives, ou l'on peut glaner des renseignements grâce aux minutes notariales et aux documents officiels. De la préhistoire jusqu'au Moyen Age, les renseignements sont plus que parcellaires, toutefois l'époque moderne en plus fournie. L'enrichissement des renseignements se fait donc avec le temps.
Il faut savoir que la Touraine est une généralité*. C'est une circonscription administrative de France créée en 1542. Tours fut un des sièges des 17 recettes générales créées par Henri II (1519-1559) et confiées à des trésoriers généraux (Edit donné à Blois en janvier 1551). Loches en est l'une des circonscriptions inférieurs : l'élection*, dont dépend Sennevières.
Il faut savoir que le cadre géographique de la Touraine est tès stable (comparé à d'autres région) puisqu'il ne subit plus de remaniement majeur après 1587. C'est pour cette raison que la généralité de Tours deviendra le département d'Indre et Loire quelques siècles plus tard, sans grande modifcation de dimension. C'est une circonscription facile à admisnistrer du fait de la proximité de la résidence de l'intendant.
GENERALITE DE TOURS La Touraine, malgré un regain de population à la fin de l'Ancien Régime, reste une région sous-peuplée (12ème rang des généralités). En 1511, Sennevières fait partie de 27% des communautés de la généralité a posséder plus de 200 feux. La Touraine présente aussi des caractères originaux en ce qui concerne la dispersion de l'habitat. En effet dans un tiers des communautés, on trouve plus de neufs lieux habités dans un rayon d'un kilomètre autour du centre du village symbolisé par le clocher, ce qui est largement le cas pour Sennevières.
Chronologiquement, le département remplace la province en 1790. Les dicoèses fournissent l'armature de la province (civitas puis diocèse puis province puis département). Pour la Touraine, géographiquement il n'y a que les appelations qui changent. On peut remarquer que le vocabulaire évolue (du à la volonté de l'administration) dans les documents officiels mais que la population met du temps à appréhender cette modification, en partie du au fait que cela ne change rien au quotidien des habitants. Au niveau local la terminologie change dans les mêmes proportions passant de paroisse à commune (les pouvoir passent ainsi du curé au maire).
Sennevières, au milieu du XVIIIème siècle fait partie des 422 paroisses (puis communes) de Touraine réparties en 6 élections sur 7150 KM2 (c'est à dire 45 habitants au Km2). La moyenne de l'étendue des paroisses est de 21,87 Km2, Sennevières avec ses 23,54Km2 est légèrement au dessus de la moyenne.
Descendons d'un échelon, avec l'élection de Loches :
Ce chef-lieu se trouve d'accès facile et surtout en position central dans la circonscrition, c'est aussi le siège de baillage*. Nous savons, aussi, que l'élection de Loches est la plus grande de la généralité (2 fois et demi plus vaste que la plus petite élection de Touraine (Amboise et Loudun), mais pas la plus peuplée (Tours et Amboise). En effet, la densité y est deux fois moins forte qu'à Tours.
La Touraine a souvent était décrit comme "le jardin de la France", toutefois cette idée est à nuancer fortement. Les campagnes nourrissent les villes (parfois à leur détriment) et la vie rurale reste plus que compliquée.
Dans le Lochois et de surcroit à Sennevières, les terres appartiennent soit au seigneurs, soit au religieux, c'est le sens même de la féodalité qui durera jusqu'à la Révolution Française. Ces derniers louent leurs terres pour garantir leur exploitation et donc la productivité. C'est cette structure qui fait vivre toute la population, du seigneur aux journaliers. Il faut distiguer principalement deux sortes de structure agricole.
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La métairie* : c'est une propriété foncière exploitée selon un contrat de métayage, c'est à dire que le propriétaire du bien rural le donne à bail pour une durée déterminée (généralement 9 ans) à un preneur qui s'engage à le cultiver contre partage des fruits et des pertes. A l'origine, la métairie n'a pas de vigne mais chaque famille en possède une petite partielle, pour sa consommation personnelle. Ainsi la métairie des Noires possèdent-elle 3 arpents* de vignes pour une superficie totale de 59.25 arpents. Le terme de métairie englobe les bâtiments d'exploitation, le logement et les terres. De nombreuses métairies appartiennent à des propriétaires laîcs mais parfois peuvent appartenir à des religieux, comme les Allouaux qui appartiennent à la Chartreuse du Liget. Ils possèdent des morceaux de bois et surtout des taillis, sans doute petits et médiocres. La surfaces moyenne des métairies sur la communes de Sennevières mesure 72,5 arpents* dont 63 arpents de terres labourables (la plus grande faisant 111,25 arpents et la plus petites 27 arpents).
Lorsque nous reprenons les archives, nous pouvons retrouver les métairies de la commune :
* Les Allouaux.
* Les Bruères.
* Gratte-chien.
* La Logerelle.
* La Martinière.
* Les Nouers.
* Les Places.
* La Pinonnière.
* Les Hauts Vallières : Nous savons par l'archevêque de Tours en 1358, que cette métairie possédée 2 boeufs.
* Les Bas Vallières.
* La Voisinière.
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La borderie* : elle s'apparente à la métairie mais a une superficie beaucoup plus petite. Elle comporte les bâtiments d'exploitation, le logement et les terres, ainsi qu'un lopin de vigne. Les propriétaires de ces exploitations cherchent à compléter celle-ci par des pâturages pour en faire des exploitations viables malgrè les petits moyens des locataires, qui sont le plus souvent journalier. Sur la commune de Sennevières, la moyenne des borderies est de 9.65 arpents dont 8.7 en terre, la plus petite s'étendant sur 4.5 arpents et la plus grandes sur 13.75 arpents. Nous savons que sur les 6 borderies de Sennevières, 5 ont un quartier de vigne et une possède 1/2 arpents de vigne.
Dans ces deux types d'explotation on retrouve des terres, des vignes, des près, des bâtiments d'exploitation et des logements. Les métairies possèdent plus de friches et de pâtureaux (terrains de pâcage). Tous les deux, ont des landes et des bruyères pour les différents produits de cueillette, qui permettent de compléter le régime alimentaire de chaque membre de la famille.
Ces superficent correspondent à des conditions techniques, celles imposées par les moyens de labour et la force de travail d'un couple aidé de 2 enfants et d'un domestiques. Ainsi, en Lochois, les métairies sont souvent estimées non en superficie mais en unité de travail, donc en fonction du nombre d'attelages nécessaire à leur culture : les métairies sont dites à deux ou quatre boeufs, les plus puissants en ont trois paires avec parfois une paire de chevaux. Dans ces métairies, l'espace occupé par les terrains de pâcages des boeufs de labour est vaste et plus étendu que celui des terres labourables.
Un autre type d'exploitation existe en Touraine : la closerie, exploitation réservé à la vigne. Toutefois, ces exploitations n'existe pas en lochois et à Sennevières en particulier. Mais il ne faut pas croire que les vignes n'existe pas à Sennevières. Ou qu'ils aient leurs terres, les seigneurs portent une grande attention aux clos situés dans leur parc ou leurs jardins, mais ils le font entretenir par des domestiques ou des journaliers. Dans chaque exploitation, une parcelle est dédiée à la vigne. Le vin produit peut être bu par les habitants ou brûlé en eau-de-vie. Le travail de la vigne est considéré comme une tâche spécialisée et demande trop de temps à certaine période de l'année pour qu'un exploitant puissent l'assurer en même temps que la culture des céréales.